Les voyageuses mises à part, telles Alexandra David-Néel* ou Ella Maillart*, la géographie serait à première vue du genre masculin. Comme les géologues, les géographes ont longtemps porté musette et souliers à clous, mettant leur point d’honneur à arpenter les terres et hanter les villages. Au début du XXe siècle, la géographe scientifique se doit d’être énergique et célibataire. C’est Miss Ellen (Churchill) Semple*, que l’on ne cite jamais sans sa civilité. Américaine, étudiante à Leipzig, elle s’intéresse à l’anthropogéographie (géographie humaine), mais professe un déterminisme environnemental assez strict, selon lequel les différences culturelles sont causées par des éléments naturels. Elle est l’alibi et l’exception pour l’époque. Un peu plus tard, Marguerite Lefevre*, élue en 1940 secrétaire générale de l’Union géographique internationale (UGI), apparaît aussi comme une forte tête. D’origine belge, elle anime la commission de géographie rurale. Dans les générations suivantes, l’Autrichienne Elisabeth Lichtenberger* mène vigoureusement des recherches...
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