Sokhna Benga est l’auteure de romans, de poèmes, de scénarios, d’ouvrages jeunesse et d’une pièce de théâtre. Très jeune, alors qu’elle étudie le droit à l’université de Dakar puis de Brest au début des années 1990 avec une spécialisation dans le droit maritime, elle publie son premier roman, Le Dard du secret (1990), qui contient déjà les deux genres dans lesquels elle excelle, le roman de mœurs et le roman policier. Encouragée par son père, le journaliste et écrivain Ibrahima Mbengue, elle poursuit désormais une double carrière. De 1997 à 2000, elle s’occupe également d’encadrement scolaire (écoles, MJC) et de personnes en difficulté (MJC, prisons) au travers d’ateliers d’écriture organisés dans l’Essonne. De retour à Dakar, elle dirige de 2002 à 2005 les Nouvelles Éditions africaines du Sénégal (NEAS) et est nommée, en 2006, administratrice des Affaires maritimes à la Direction de la marine marchande (DMM).
S. Benga croit au pouvoir de l’écriture dans la dénonciation des dérives sociales et politiques auxquelles non seulement le Sénégal mais tout pays doit faire face. Dans son roman La Balade du sabador (2000), elle traite du mysticisme et des croyances sénégalaises, entre merveilleux, irréel et réel. À travers l’histoire de deux jumelles, Mayé la révoltée et Ngoye la soumise, elle dénonce des faits sociaux et pose la question des différents comportements de la femme africaine aujourd’hui face aux exigences de la société sénégalaise. Le roman Bayo (2007) poursuit la question de la position de la femme et plus précisément du rapport entre les générations dans un monde en constante évolution. Sur fond de vie politique et sociale du Sénégal depuis 1940, nous suivons le personnage de Sabel, mère de famille heureuse en ménage, fermement décidée à offrir à ses enfants un foyer plein d’amour et à leur épargner l’enfance difficile qu’elle-même a connue. Aussi ne comprend-elle pas leurs choix lorsque, en passe de devenir adultes, ils rejettent ce qui leur est donné pour suivre des chemins plus tortueux. Avec la trilogie Le temps a une mémoire (2007), composée de courts romans, c’est au genre policier que S. Benga revient, dans un style oral plus proche de ses scénarios.
Frédérique DONOVAN