De famille modeste, Sonja Åkesson doit quitter l’école tôt. Divorcée, remariée et mère de trois enfants, elle débute sa carrière de poétesse vers 30 ans, mais ce n’est que quelques années plus tard qu’elle acquiert sa notoriété, avec le recueil de poésie Husfrid (« la paix domestique », 1963) ‒ en particulier avec « Självbiografi » (« autobiographie »), une réplique au poème « Autobiography » de Lawrence Ferlinghetti, de la Beat generation ; et avec « Äktenskapsfrågan » (« la question matrimoniale »), qui ironise sur les rôles figés attribués aux deux sexes. Féministe, elle met en scène des personnages de femmes au foyer qui, malgré leur prospérité matérielle, souffrent d’angoisse et manquent d’assurance. Le recueil-collage Pris (« prix », 1968) dénonce la superficialité de la vision du monde donnée par la presse. En collaboration avec son mari, elle publie notamment Strålande dikter/Nej så fan heller (« poèmes brillants/non, que diable ! », 1967). Elle écrit sous forme de haïku japonais Sagan om Siv (« la saga de Siv », 1974). L’ironie est l’un de ses moyens d’agir les plus efficaces, avec des titres comme Ute skiner solen (« dehors il fait soleil », 1965), Man får vara glad och tacka Gud (« il faut être content et remercier Dieu », 1967) et Ljuva sextiotal (« les douces années soixante », 1970). Dans sa poétique, la vie commune des humains est parfois décrite en termes de cannibalisme, mais au jugement intransigeant de l’un succède l’empathie de l’autre. La raideur d’êtres campés dans l’autojustification est atténuée par l’humour, car l’auteure, malgré sa méfiance à l’égard de la langue, croit aux possibilités de la communication. Sa critique de l’État-providence suédois, de la commercialisation et de la publicité, ainsi que sa problématisation des attitudes féminines et masculines sont toujours d’actualité. Connue surtout comme poétesse, elle a également écrit en prose, pour le théâtre et le cabaret, ainsi que dans la presse suédoise.
Inger LITTBERGER CAISSOU-ROUSSEAU