Diplômée du département d’architecture de l’université Qinghua de Pékin en 1960, Zhang Jinqiu figure parmi les rares architectes de sa génération à avoir poursuivi ses études, auprès du professeur Liang Sicheng (1901-1972), mari de l’architecte Lin* Huiyin, remarquable historien et théoricien de l’architecture chinoise traditionnelle et contemporaine, duquel elle a beaucoup appris. Après un master en 1966, elle commence à travailler pour l’Institut de recherche sur l’architecture de la Chine du Nord-Ouest, à Xi’an, ville de plus de 2 000 ans, ancienne capitale de nombreuses dynasties chinoises, dont Zhou, Qin, Han et Tang, et riche d’un extraordinaire patrimoine. Mais ce n’est que bien après la révolution culturelle, à la fin des années 1980, qu’elle acquiert une reconnaissance en tant qu’architecte, avec son premier projet national d’importance, le musée d’Histoire du Shanxi, dans le centre de Xi’an, ouvert en 1991. Comme pour toutes ses autres œuvres, elle interprète habilement l’architecture traditionnelle chinoise en langage moderne. Même si cette approche n’est pas nouvelle, la sienne se distingue par sa manière de traduire en formes symboliques la structure moderne et la complexité des fonctions des édifices. Le style qu’elle aime à évoquer est celui de la dynastie Tang, qui coïncide avec l’époque la plus prospère de la Chine antique. Par la suite, elle s’efforce de simplifier son langage architectural, comme c’est le cas avec le bâtiment et la cour précédant l’espace rituel du mausolée de l’Empereur jaune, Huangdi, dans le district de Huangling, province de Shanxi (2004), ou de l’adapter à des édifices non monumentaux, comme son travail pour le parc Da Tang Furong Yuan dans le quartier de Qujiang à Xi’an (2002), où se trouve un ensemble d’édifices résidentiels qui renvoie à des « séquences d’espaces extérieurs et intérieurs et à la coordination entre mouvements et quiétude caractéristiques de la maison traditionnelle chinoise ». Sa réécriture des styles du passé lui vaut une grande reconnaissance, surtout pour la conception d’ambiances majestueuses, qui reflète à la fois le caractère durable de l’expression culturelle et l’influence profonde des beaux-arts occidentaux des années 1920 et 1930. Sa capacité à intégrer modernité et tradition lui a valu de nombreux prix nationaux ; elle est aussi la première, en 1991, à recevoir le titre de
Design Master of Chinese Project and Construction.
LU YONGYI