En 1706, elle épouse Jean Baptiste de Gallon de Villeneuve, qui la ruine et meurt en 1711. Montée à Paris vers 1720, elle devient la gouvernante de Crébillon père, puis elle publie le
Phœnix conjugal,
nouvelle du temps (1734), où Jeanneton, la blanchisseuse, devient marquise. En 1740, son recueil de contes,
La Jeune Amériquaine et les contes marins, inclut l’histoire de
La Belle et la Bête, immortalisée dans le
Magasin des enfants de
Mme Leprince de Beaumont*. Elle récidive avec
Les Belles solitaires et
Le Temps et la patience,
conte moral. Elle signe également quatre romans :
Le Beau-
frère supposé où elle campe Inès l’empoisonneuse,
Le Juge prévenu dont l’un des tiroirs s’inspire de la cinquième histoire des
Illustres Françaises de Robert Challe,
La Jardinière de Vincennes (1753) et
Mlles de Marsange (1758), sombre histoire de rivalité entre sœurs. Contes à la fantaisie débridée et romans à tiroirs d’un « réalisme » pointilleux révèlent une même inspiration « féministe », ennemie de la passion, sensible au sort difficile des femmes et à la misère financière, prêtant ainsi aux héroïnes un relief exceptionnel.
Marie-Laure GIROU-SWIDERSKI