La première créatrice de costumes à avoir influencé Hollywood, au temps du cinéma muet, est la Britannique lady Duff Gordon. Sa maison de couture, Lucile*, habille la vamp* Alice Joyce dans The American Princess, en 1913. Cecil B. De Mille lance Clare West, qui a travaillé pour D. W. Griffith et crée des toilettes délirantes pour Gloria Swanson* dans L’Adorable Crichton (Male and Female, 1919). Dans les années 1920, Edith Head commence une carrière qui va durer plus d’un demi-siècle. Elle se vante même d’avoir créé les costumes de 1 131 films ! Alors que l’Oscar pour les costumes est créé en 1948, E. Head le remporte huit fois et totalise 35 nominations. Elle habille Shirley Temple*, Barbara Stanwyck*, Carole Lombard*, Paulette Goddard*, Loretta Young* ou encore Joan Fontaine*. Avec Alfred Hitchcock, la créatrice habille Ingrid Bergman* dans Les Enchaînés (Notorious, 1946) et Grace Kelly* dans Fenêtre sur cour (Rear Window, 1954). Ses costumes jouent un rôle crucial dans les métamorphoses de Kim Novak* dans Sueurs froides (Vertigo, 1958). Après Gloria Swanson* dans Boulevard du crépuscule (Sunset Boulevard, Billy Wilder, 1950), Elizabeth Taylor* et Hedy Lamarr, qui porte une cape en plumes de paon dans Samson et Dalila (Cecil B. De Mille, 1949), la créatrice habille Audrey Hepburn* et Mae West*. Au cours des Années folles, Natacha Rambova dessine les costumes décadents de Salomé (Charles Bryant, 1923, d’après Oscar Wilde) et ceux de Rudolph Valentino dans Monsieur Beaucaire (Sidney Olcott, 1924). En 1931, Coco Chanel* fait son unique incursion à Hollywood pour Gloria Swanson* dans Ce soir ou jamais (Tonight or Never, Mervyn Le Roy, 1931). Vera West habille Elsa Lanchester dans La Fiancée de Frankenstein (The Bride of Frankenstein, James Whale, 1935) et Dracula (Tod Browning, 1931), et Dolly Tree, les paysans chinois de La Terre chinoise (The Good Earth, Sidney Franklin, 1937). En 1935, Muriel King travestit Katharine Hepburn* en garçon dans Sylvia Scarlett, de George Cukor. Irene Sharaff, qui vient de Broadway, habille Judy Garland*, Leslie Caron* dans Un Américain à Paris (Vincente Minnelli, 1951), Elizabeth Taylor* en Cléopâtre* ou encore Barbara Streisand*. Helen Rose invente les costumes extravagants de la Brésilienne Carmen Miranda* pour ses comédies musicales, et crée ceux de G. Kelly pour ses deux derniers films. Lucinda Ballard invente l’image érotique de Vivien Leigh* et de Marlon Brando dans Un tramway nommé désir (A Streetcar Named Desire, Elia Kazan, 1951). Ces grandes créatrices travaillent jusque dans les années 1980, époque où une nouvelle génération leur succède.
Bruno VILLIEN