Après une enfance à Narva (1907-1915), Aino Bach fait ses études secondaires à Omsk, en Sibérie, avant de revenir en Estonie en 1921. Elle est admise en 1923 à l’école d’art Pallas de Tartu, où elle étudie d’abord la peinture sous la direction de Nikolai Triik, puis la gravure sous la direction d’Ado Vabbe. Elle épouse en 1931 le peintre Kaarel Liimand, dont elle partage les idées socialistes. Pendant la première occupation soviétique de l’Estonie (1940-1941), elle prend une part active à la réorganisation de la vie artistique estonienne. Pendant l’occupation allemande (1941-1944), elle vit en exil en Union soviétique, à Yaroslav, où elle participe aux activités d’un collectif d’artistes estoniens. Elle s’installe en 1946 à Tallinn. Première graveuse estonienne, A. Bach fait preuve d’une virtuosité technique qui a contribué à élargir les possibilités expressives de la taille-douce. Ses aquatintes, utilisant un grain fort et jouant sur les contrastes et la transparence, se caractérisent par une grande richesse de nuances et une facture originale (Ema lapsega, « mère et enfant », aquatinte, 1937). Elle pratique également la pointe sèche, l’eau-forte et le monotype en couleurs, mêlant souvent plusieurs techniques dans une même œuvre, en particulier la pointe sèche et l’aquatinte (Naine peegliga, « femme au miroir », 1937). Ses sujets de prédilection sont les portraits de jeunes femmes et d’enfants, ainsi que les nus féminins. En contradiction apparente avec le rôle actif qu’elle a joué dans la vie artistique et sociale de son temps, ses œuvres reflètent une vision très traditionnelle de la femme et de la féminité. Elle a réalisé des illustrations pour de nombreux ouvrages. Son style peut être qualifié de réalisme poétique, même si elle a dû faire, dans les années 1940 et 1950, quelques concessions à un réalisme socialiste plus académique.
Antoine CHALVIN
Consultez cet article illustré sur le site d’Archives of Women Artists, Research and Exhibitions