Dès son premier livre,
Pedazo de nada (« morceau de rien », 1961), Ana María Iza explore le vers libre et utilise un ton inhabituel dans la poésie écrite par des femmes en Équateur : dans une sorte de journal intime, elle rend compte du quotidien avec une vision pessimiste et un humour acide. En 1967, elle publie
Los cajones del insomnio (« les tiroirs de l’insomnie »), un recueil plein de force et de douleur qui présente une unité formelle et thématique plus aboutie et une remarquable maîtrise de l’ironie. L’année suivante, paraît
Puertas inútiles (« portes inutiles »), un ensemble de courts poèmes. Son œuvre est prolongée par cinq recueils de poésie traduisant sa quête constante d’une simplicité poétique. L’humour lui permet un traitement en apparence anti-poétique : elle fait surgir la poésie du quotidien grâce au trait d’esprit et subvertit de manière magistrale des expressions figées en les traitant avec un ton ironique. À cette période correspondent les recueils
Heredarás el viento (« tu hériteras du vent », 1974) ;
Fiel al humo (« fidèle à la fumée », 1986) ;
Reflejo del sol sobre las piedras (« reflet du soleil sur les pierres », 1987) ;
Papeles asustados (« papiers effrayés », 1994, réédité dans une nouvelle version en 2005) ;
Herrumbre persistente (« rouille persistante », 1995). Son œuvre réussit à s’imposer malgré sa discrétion dans la sphère publique et son absence de lien avec les mouvements culturels influents. Le prix national de poésie Ismael-Pérez-Pazmiño lui est décerné à quatre reprises, en 1967, 1974, 1984 et 1995. Elle figure parmi la sélection de six poètes équatoriens de la publication
Young Poetry of the American éditée par l’Union panaméricaine de Washington. Le compositeur équatorien Gerardo Guevara a mis en musique certains de ses poèmes : « Iba a fugarme » (« j’allais m’enfuir »), « Pasillo », « Aquí me paro y grito » (« ici, je m’arrête et je crie »). Elle a également publié un recueil de contes,
La casa de tía Berta (« la maison de tante Berta », 1974).
Yanna HADATTY MORA