Son père, marin et militant social-démocrate, éloigne sa famille d’une Grèce alors dirigée par la junte militaire. En 1969, adolescente, celle qui se nomme encore Aggeliki Ionatou rejoint ainsi la Belgique, puis la France. La découverte en concert du compositeur grec Mikis Theodorakis – récemment libéré des prisons grecques – scelle sa vocation de chanteuse et de compositrice hellène. La carrière d’Angélique Ionatos se construit dès lors loin de son pays d’origine. D’abord en France, qui la remarque dès ses premiers essais discographiques : enregistré avec son frère Photis Ionatos, l’album Résurrections lui vaut un prix de l’académie Charles-Cros. Dans les années 1980, la chanteuse compose des musiques sur les poèmes de son compatriote Odysséas Elytis, Prix Nobel de littérature en 1979. Depuis 1989, elle est artiste associée du théâtre de Sartrouville, en région parisienne. À ce titre, elle poursuit sa carrière de chanteuse hellénophone, notamment en adaptant en grec ancien et moderne les vers de Sappho de Mytilène*. Elle élargit également son univers musical et ses sources d’inspirations (Frida Kahlo*, les musiques d’Argentine, les traditions du pourtour de la Méditerranée, de l’Italie à l’Andalousie en passant par la France). En 1994, elle enregistre une œuvre originale de son compositeur fétiche M. Theodorakis (Mia Thalassa). En 2006, elle crée le spectacle Eros y muerte où elle compose en espagnol sur des thèmes de Pablo Neruda. Depuis 2007, A. Ionatos se produit régulièrement sur scène et sur disque avec sa compatriote Katerina Fotinaki.
Thierry SARTORETTI