Supha Luesiri est issue d’une famille d’immigrants chinois récemment installés en Thaïlande. Son pseudonyme, Botan, signifie « pivoine », fleur qui, aux yeux des Thaïlandais, symbolise la Chine. L’obtention d’une bourse alors qu’elle est encore très jeune lui permet de prolonger ses études au-delà du primaire, ce qu’elle n’aurait certainement pas pu faire autrement, les filles de la communauté chinoise ne recevant alors qu’une éducation minimale. En 1969, elle publie son œuvre phare, Jotmaï Jaak Muang Thai (Lettres de Thaïlande), roman composé des lettres qu’un jeune immigrant chinois installé à Bangkok envoie à sa mère restée en Chine. En arrière-plan de l’histoire de Tan Suang U se dessinent des thèmes cruciaux pour la Thaïlande de l’après Seconde Guerre mondiale, tels que les différences entre les cultures thaïe et chinoise, l’abandon progressif des traditions chinoises et l’adoption des usages thaïs par les enfants de la seconde génération. Malgré un accueil initial plutôt froid, le livre connut un grand succès après que l’Otase lui eut décerné son prix littéraire annuel. Elle travaille pour les magazines Satri Sarn et Chaiyapruek et c’est dans ce milieu de l’édition qu’elle rencontre Viriya Sirisingh (ou Sirisingha). Ils se marient en 1975 et fondent une maison d’édition pour la jeunesse, Chomrom Dek (« le club des enfants »). Les œuvres de Botan – Phu Ying Khon Ni Cheu Boonrod, « elle s’appelle Boonrod » ; Tawan Chingphlop, « crépuscule » ; Pai Tong Lom, « le vent dans les bambous » ; Kert Tae Tom, « née dans la fange » – sont la description sans fard d’une société machiste dans laquelle les femmes ne sont guère considérées. L’importance de l’éducation des filles y est constamment affirmée. En 1999, elle figure parmi les 11 personnalités nommées Artistes nationaux. Plusieurs de ses ouvrages ont été adaptés en séries télévisées à succès.
Xavier GALLAND