Fille aînée de Jean de Morel et d’Antoinette de Loynes*, Camille de Morel reçut une éducation humaniste avec son frère, Isaac, et ses deux sœurs, Lucrèce et Diane, grâce au préceptorat de Charles Utenhove. Elle apprit le latin, le grec et l’hébreu, et rédigea des poèmes dans ces trois langues aussi bien qu’en français. Ses talents furent reconnus par ses contemporains, y compris par Dorat, Du Bellay et George Buchanan. Ses compositions parurent en général dans des ouvrages qui ne portent pas son nom, comme les Xenia de C. Utenhove (1568), et plusieurs de ses poèmes restèrent inédits. Ses vers latins et grecs révèlent une maîtrise des formes poétiques dans ces deux langues, et une bonne connaissance des principaux auteurs anciens. Elle fut responsable d’un Tumulus (« tombeau »), publié en 1583 en l’honneur de son père, grand mécène de la Pléiade, pour qui elle avait sollicité des œuvres de la part des poètes qu’il avait assistés ; elle y inclut plusieurs de ses propres poèmes, dont certains font preuve d’un franc-parler assez rare chez les femmes de l’époque. Son érudition considérable n’eut pas de débouché évident dans la vie limitée, réservée aux femmes du XVIe siècle, mais elle prépara le terrain à l’éducation des filles du siècle suivant.
Philip FORD