Polytechnicienne, première femme brevetée pilote de chasse dans l’armée de l’air française et championne militaire de triathlon, Caroline Aigle eut une vie aussi courte que grandiose. Fille d’un médecin des armées, elle a toujours baigné dans le milieu militaire. Après ses études au lycée militaire de Saint-Cyr puis au Prytanée militaire de La Flèche, elle intègre en 1994 l’École polytechnique et effectue son service militaire obligatoire (1994-1995) au 13e bataillon de chasseurs alpins. Puis elle choisit de servir dans l’armée de l’air, où elle découvre sa véritable vocation. Première femme à suivre la formation complète à l’École de l’air de Salon-de-Provence puis à l’École de l’aviation de chasse de Tours, elle reçoit son brevet de pilote de chasse en 1999 des mains du général Jean Rannou, chef d’état-major de l’armée de l’air. Entre-temps, sportive polyvalente et accomplie, elle est devenue championne de France militaire de triathlon (natation, vélo, course à pied) et championne du monde militaire de triathlon en équipe. Affectée à la base aérienne de Dijon, elle y réalise son rêve de piloter des Mirages 2000-5 et y gravit rapidement les échelons. En 2005, elle devient commandant d’escadrille. Puis elle est mutée au commandement des forces aériennes à Metz, où elle s’occupe de la sécurité des vols. En juin 2007, elle apprend qu’elle a réussi les épreuves écrites du concours d’entrée au Collège interarmées de défense (CID), mais voit au même moment sa vie prendre une tournure tragique. Mariée et mère d’un enfant, elle est enceinte d’un deuxième lorsqu’elle apprend qu’elle est atteinte d’un cancer de la peau. Contre l’avis des médecins, elle choisit de garder le bébé. Celui-ci naît par césarienne à trois mois et demi du terme, tandis qu’elle décède deux semaines plus tard, peu avant ses 33 ans. Une vague d’émotion submerge la communauté des pilotes de l’armée de l’air : le mythe C. Aigle est né. L’aviatrice est décorée de la médaille de l’Aéronautique à titre posthume par le président de la République, le 2 octobre 2007. Puis, dans le cadre de la Journée internationale des droits de la femme, le musée de l’Air et de l’Espace organise, le 8 mars 2008, une journée en son hommage, avec la participation d’une centaine de femmes pilotes. Enfin, le centre nautique de l’École polytechnique porte aujourd’hui le nom de cette chevalière du ciel et les élèves de l’école organisent chaque année le triathlon Caroline-Aigle pour saluer sa mémoire.
Elisabeth LESIMPLE