Dans les sociétés de culture orale de l’Afrique subsaharienne, les domaines de la création artistique sont généralement nettement séparés en fonction des sexes, même s’il existe une frange commune sous forme d’histoires contées indifféremment par les femmes et les hommes. Relevant du patrimoine verbal mémorisé et transmis, ces productions de littérature orale présentent des degrés de créativité différents, comme l’illustrent les chants de femmes chez les Dioula de Kong de Côte d’Ivoire. Ainsi, de nombreux chants relatifs aux cérémonies nuptiales (konyon kun dan donkili, « chants nuptiaux de coiffure de la mariée » ; konyon susu donkili, « chants nuptiaux de pilage ») sont aux mains des femmes mûres et visent à conseiller la mariée dans ses relations avec son mari, sa belle-famille, ses coépouses. Mais s’ils ont bien été créés par des femmes et sont collectivement interprétés par elles, l’activité créatrice dont ils procurent l’occasion est assez réduite, car ce sont des chants à caractère essentiellement idéologique : ils prêchent avant tout l’acceptation de la situation sociale héritée d’une tradition...
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■ DERIVE J., « Le chant de kurubi à Kong », in Annales de l’université d’Abidjan, série J, vol. 2, 1978 ; LUNEAU R., 1981, Chants de femmes au Mali, Paris, Luneau Ascot, 1981.