Diplômée de l’École supérieure des beaux-arts de Nantes, Delphine Coindet intègre l’Institut des hautes études en arts plastiques de Paris (créé par Pontus Hultén). Très vite, elle met au point une méthode de travail singulière, qui va lui permettre de réaliser des peintures et des sculptures sans se soumettre aux contraintes de l’atelier : elle utilise l’informatique, le dessin numérique, les logiciels 3D, puis confie la réalisation de ses projets à des artisans spécialisés. Son univers formel se nourrit aussi bien d’éléments et objets de notre environnement (fleurs, plumes, cailloux, gouttes d’eau, scies, tapis, rochers, nuages), de formes plus abstraites (cylindres, cônes, sphères, croix), de l’univers publicitaire ou des jeux vidéo. L’artiste met ainsi en jeu une suite d’« écarts » entre l’objet, sa représentation, sa recréation matérielle (qui lui permet de jouer sur toutes les ambiguïtés de matières et de textures), son exposition, sa reproduction. « Je prends sans cesse en compte ces différents “états” de l’œuvre : le dessin, l’image, la fabrication, l’objet, l’exposition, l’icône. Je ne veux pas considérer l’œuvre comme un objet clos et fini, ni même comme un aboutissement, mais plutôt comme une forme intermédiaire et révélatrice du contexte qui la rend possible », dit-elle. Cette œuvre, qui s’impose comme une réflexion sur le monde de la représentation à l’époque de l’informatique, n’en ouvre pas moins un espace foncièrement imaginaire, voire poétique, déjouant, avec une gentille insolence et une belle désinvolture, tous les traquenards idéologiques et formels liés aux nouvelles technologies, aussi bien qu’à l’usage abusif du ready-made.
Bernard MARCADÉ
Consultez cet article illustré sur le site d’Archives of Women Artists, Research and Exhibitions