Aujourd’hui considérée comme la plus importante femme architecte de stature internationale en Argentine, Diana Agrest est diplômée de la faculté de Buenos Aires en 1967. Elle suit à Paris les enseignements du Centre de recherche d’urbanisme et de l’École pratique des hautes études, et intègre en 1970, avec Mario Gandelsonas (1938), le nouvel atelier de sémiologie architecturale fondé par son maître, César Jannello (1918-1985), pionnier des recherches sur les relations entre linguistique, sémiotique et structuralisme dans l’architecture. Puis, en 1971, à New York, c’est le début d’une carrière ininterrompue mêlant enseignement, recherches théoriques, projets et constructions. D’abord lectrice à Princeton University (1974), elle intègre l’IAUS (Institute for Architecture and Urban Studies) dirigé par Peter Eisenman (1932) – qui deviendra une référence internationale primordiale. En 1975, elle y invite Aldo Rossi (1931-1997) et son idée de « cité analogue » reliant l’histoire des villes et leur conception contemporaine par le biais de la typologie et de la morphologie urbaines. En 1978, elle dirige des ateliers, recherches et études dans diverses universités prestigieuses des États-Unis, d’Argentine et de France et développe une méthode selon laquelle l’architecture est produite comme une transformation liée à une « lecture » de la cité, ainsi abordée de divers points de vue produisant de multiples significations. En 1980, elle fonde une agence avec M. Gandelsonas et conçoit de nombreuses réalisations, dont plusieurs complexes d’habitations et plans directeurs pour des ensembles de résidences familiales ainsi que des projets d’aménagement intérieur dans divers pays d’Europe, d’Asie et d’Amérique. Elle commence à publier des essais critiques dès 1970, dont plusieurs coécrits avec M. Gandelsonas, autour du structuralisme et de la sémiotique, construisant une approche personnelle qui pose en termes humanistes et genrés les problèmes architecturaux soulevés par les modes de vie urbains et les comportements sociaux. Dans Architecture from Without : Theoretical Framings for a Critical Practice (1991), qui a reçu un écho international, elle analyse les conditions de la femme dans la théorie architecturale, exclue parce qu’elle « n’appartient pas à l’ordre symbolique », point de vue qui n’est pas pour elle un constat d’échec comme elle l’expose dans The Sex of Architecture (1996). Elle s’est également intéressée aux relations entre cinéma et architecture urbaine et travaille depuis des années à un projet de film sur l’IAUS.
Titulaire de nombreux prix et distinctions, elle dirige des projets dans le monde entier, des États-Unis à la Chine en passant par la France, touchant aux plans d’aménagement, aux parcs publics et aux édifices.
Claudia SHMIDT