Petite-fille du roi George V et fille aînée du duc et de la duchesse d’York, Elizabeth Alexandra Mary Windsor n’était a priori pas destinée à devenir souveraine. Mais l’abdication de son oncle Édouard VIII et, par conséquent, l’accession de son père au trône en font l’héritière principale de la couronne en 1936. La majorité atteinte, elle devient ainsi « conseillère d’État en l’absence du roi ». Au lendemain du second conflit mondial, durant lequel elle obtient de son père le droit de servir symboliquement parmi les volontaires de l’Auxiliary Territorial Service, elle épouse le prince Philippe de Grèce (20 novembre 1947), duc d’Édimbourg, en dépit des réticences du roi. Le couple aura quatre enfants : Charles (prince de Galles, né en 1948), Anne (princesse royale, née en 1950), Andrew (duc d’York, né en 1960) et Edward (comte de Wessex, né en 1964). C’est au cours d’un déplacement au Kenya, en février 1952, qu’elle apprend le décès de son père et, par la force des choses, le début de son règne, à l’âge de 25 ans. Couronnée en juin 1953, elle devient Élisabeth II, reine du Royaume-Uni ainsi que de 16 États (les « royaumes du Commonwealth »), et chef du Commonwealth des nations. Celle qui fut élue « Femme de l’année 1952 » par le magazine Time a su tenir son rôle dans les affaires du royaume, acquiesçant même, au début des années 1990, à l’adoption d’une loi soumettant sa fortune à l’impôt. Ses fonctions pourtant a priori simplement protocolaires et symboliques ne l’ont pas empêchée de susciter le respect de la plupart des chefs de gouvernement qu’elle a vus se succéder. On se souviendra, par exemple, des propos élogieux de Winston Churchill évoquant sa « sagesse » et son « intelligence » ou de ceux, plus malicieux, d’Harold Wilson, conseillant à son successeur de ne pas oublier de « faire ses devoirs » avant une audience royale. À l’heure de la célébration, en 2012, de son jubilé de diamant, le second seulement de l’histoire de la Grande-Bretagne après celui de la reine Victoria, en 1897, la reine Élisabeth II recueille dans les sondages 80 % d’avis favorables. De plus, 69 % des personnes interrogées considèrent que, sans la monarchie, la situation « serait pire ». Ainsi, soixante-dix ans de règne ont fait de cette femme le symbole de la stabilité, de la sérénité et de l’identité nationale.
Jérôme TOURNADRE