D’origine palestinienne, Emily Jacir a étudié à l’université de Dallas, au Memphis College of Art et a suivi le Whitney Independent Study Programme à New York. Elle combine dans sa démarche les rôles d’archiviste, d’activiste et de poétesse afin de créer des œuvres à la fois personnelles et profondément politiques, tel son appel à la prise de conscience de la détresse du peuple palestinien. Elle exploite le cinéma, la photographie, l’intervention sociale, l’installation, la performance, la vidéo et le texte pour évoquer les récits historiques refoulés, la résistance politique et la division géopolitique. Dans sa vidéo Retracing Bus No. 23 on the Historic Jerusalem-Hebron Road (2006), elle compare le territoire de la Cisjordanie des années 1960 avec le territoire actuel, isolé par le mur de la rive ouest. Elle explore également les archives, comme en témoigne Where We Come From (2003), document sur les souhaits des Palestiniens – dont le retour dans la patrie est refusé –, tels que « jouer au football avec un garçon à Haïfa », « arroser un arbre dans leur village », autant d’activités qu’E. Jacir accomplit, grâce à son passeport américain qui lui permet de voyager librement en Palestine. En 2007, elle est récompensée par le Lion d’or de la 52e Biennale de Venise, dans la catégorie des artistes de moins de 40 ans, et, en 2008, par le prestigieux prix d’art contemporain Hugo-Boss, à New York. Outre son soutien à l’éducation en Palestine, elle enseigne à l’Académie internationale d’art à Ramallah où elle a créé le premier International Video Festival en 2002.
Nataša PETRESIN