Écrivaine prolixe, Etel Adnan s’est essayée à tous les genres littéraires : poésie, roman, essai, récit épistolaire, autobiographie. Née d’un père ottoman musulman et d’une mère grecque chrétienne, elle grandit dans une société arabophone. Parlant grec et turc, elle est éduquée dans des écoles religieuses françaises : le français devient donc sa première langue d’écriture. Très jeune, elle apprend aussi l’anglais, qu’elle utilise désormais dans la plupart de ses œuvres. Peut-être ce mélange linguistique l’amène-t-il à utiliser d’abord la peinture comme mode d’expression : couleurs et lignes de l’art abstrait y remplacent les mots. Elle suit des études de lettres et de philosophie à Beyrouth, à Paris et aux États-Unis, où elle enseignera par la suite la philosophie de l’art. La guerre civile au Liban, en 1975, la conduit à écrire L’Apocalypse arabe, publié en 1980, alors qu’elle réside à Paris. Elle y mêle de manière originale divers signes : mots remplacés par des dessins, lignes entières composées de points, de flèches ou de rectangles noircis, pour dire un réel au-delà des mots. Quand la guerre s’intensifie, elle écrit Sitt Marie-Rose (1978), un des premiers romans décrivant la guerre civile libanaise de l’intérieur, devenu un classique de la littérature du Moyen-Orient. Ses œuvres suivantes sont consacrées en grande majorité aux conflits qui déchirent le Moyen-Orient, qu’elle voit comme un corps blessé. Également sensible à la souffrance des autres peuples : Indiens d’Amérique, Vietnamiens, Noirs d’Afrique, elle s’attache à perpétuer les traces des civilisations martyres (Irak, Andalousie, Byzance).
Jacqueline JONDOT
Consultez cet article illustré sur le site d’Archives of Women Artists, Research and Exhibitions