L’ethnologie n’a pas toujours eu bonne presse dans les milieux engagés des sciences sociales à cause du lien établi avec le pouvoir colonial. On en veut pour preuve la création, en 1922, d’une académie des sciences coloniales par Édouard Daladier (ministre des Colonies du Cartel des gauches) qui, en 1924, déclarait que « seule une étude scientifique des races et des peuples, de leurs coutumes et de leur histoire, pouvait vraiment assurer à notre administration coloniale la souplesse et la force qui lui sont indispensables pour accomplir l’effort colonisateur ». Cette politique a marqué les consciences et influencé des esprits aussi éclairés et engagés que ceux de Marcel Mauss ou Jacques Soustelle, futur gouverneur de l’Algérie en 1955. En pareille situation, il est difficile à l’ethnologue de s’extraire du terrain, puisqu’il est soumis à des bouleversements violents émanant des politiques menées par son propre pays colonisateur, d’où cette accusation manifeste ou voilée dans le discours ethnologique. Cette perception a continué de prévaloir...
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