Enfant naturelle, Fadhma Aït Mansour est la mère du poète Jean Amrouche et de Marie-Louise Taos Amrouche*, et fait partie des premières romancières algériennes d’expression française. Confiée en 1885 aux sœurs blanches des Ouadhias, mais retirée un an après pour mauvais traitements, elle rompt totalement avec sa famille après la mort de sa mère, et travaille à l’hôpital des Sœurs blanches d’Aït Mangueleth. Là, elle rencontre Belkacem Amrouche, catholique converti, avec lequel elle se marie. Sa propre conversion rend les relations difficiles avec la famille Amrouche, demeurée fidèle à l’islam, et oblige le couple à émigrer en Tunisie. La vie de l’écrivaine sera alors ponctuée de naissances, mais aussi de deuils : sur ses huit enfants, seuls trois seront encore en vie après la guerre, dont Jean et Taos. C’est avec eux qu’elle entreprend, à partir de 1930, de traduire les chants et contes kabyles hérités de ses ancêtres. Ces chants seront immortalisés par la voix de Taos, qui reproduira aussi les contes, proverbes et poèmes dans Le Grain magique (1966). En 1940, F. Aït Mansour compose des poèmes qu’elle dédie à la mémoire de ses trois fils disparus cette année-là. Son œuvre essentielle demeure cependant Histoire de ma vie, écrite en 1946 et publié en 1968, à titre posthume. À travers ce témoignage autobiographique, pudique et bouleversant d’une femme en quête d’elle-même et de ses origines, transparaît toute la violence de la colonisation.
Najet LIMAM-TNANI