Quelques grandes figures du féminisme du XXe siècle, de Clara Zetkin* à Betty Friedan* en passant par Rosa Luxemburg*, étaient juives. Mais leur féminisme s’inscrivait farouchement contre les aspects religieux de leur tradition, suscitant apparemment le plus souvent un éloignement de leur milieu d’origine. Depuis le début du siècle dernier toutefois, des femmes comme Sarah Schenirer, Puah Rakovski et Bertha Pappenheim*, sensibles à la condition des femmes, luttent à l’intérieur même du judaïsme pour améliorer leur sort. Sarah Schenirer (1883-1935) a réussi à convaincre des autorités rabbiniques importantes de son temps, en Europe centrale, d’ouvrir des écoles secondaires de jeunes filles juives afin qu’elles aient, elles aussi, accès à l’étude approfondie de la Torah. Puah Rakovski (1865-1955) s’est battue en Pologne pour l’éducation des femmes juives et l’égalité de leurs droits, et notamment pour une meilleure représentation des femmes au sein du mouvement sioniste et de ses instances en terre d’Israël. Bertha Pappenheim (1856-1936), connue dans l’histoire de la psychanalyse sous le nom d’Anna O, s’est insurgée contre la prostitution de jeunes femmes juives, a créé à Francfort-sur-le-Main un orphelinat pour jeunes filles juives et fondé en Allemagne la Ligue des femmes juives. Ailleurs, en Orient ou en Afrique du Nord, des institutrices de l’Alliance israélite universelle assurent l’alphabétisation des petites filles et leur permettent d’apprendre un métier. Aux États-Unis, dès les années 1970, en pleine vague du féminisme, des femmes juives initient un mouvement féministe...
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■ BEBE P., Isha, dictionnaire des femmes et du judaïsme, Paris, Calmann-Lévy, 2001 ; LIPSYC S. S. (dir.), Femmes et Judaïsme aujourd’hui, Paris, In Press, 2008 ; PAPPENHEIM B., Le Travail de Sisyphe, Paris, Des femmes, 1986.