Artiste abstraite, Gillian Ayres suit, de 1946 à 1950, les cours du Camberwell College of Arts de Londres, trop empreints, à son goût, de l’inspiration réaliste du groupe de l’Euston Road School, qui prônait une peinture figurative traditionnelle. De 1951 à 1959, elle travaille à la AIA Gallery, avant de s’orienter vers l’enseignement jusqu’en 1981. Proche, dès la fin des années 1940, des peintres Robyn Denny (1930), Howard Hodgkin (1932) et Henry Mundy (1919) – son ex-époux et père de ses deux fils –, elle concourt avec eux à transformer la peinture britannique d’après-guerre, sous l’influence du tachisme européen et de l’expressionnisme abstrait américain. Ses œuvres de grand format, à la facture épaisse, sont résolument abstraites et peintes dans un style expressionniste. Elle les présente en 1949 à l’exposition Young Contemporaries, puis les expose de manière régulière, notamment dans les galeries londoniennes Paul Kasmin et Knoedler. G. Ayres est d’abord réputée pour sa technique du pouring, qui consiste à faire couler le matériau directement du pot de peinture ou d’un bâton, à la façon d’un Jackson Pollock (1912-1956). En 1959, son œuvre est présentée en France, lors de la première Biennale de Paris. L’année suivante, elle est la seule femme à participer à l’exposition Situation, que la RBA Gallery organise autour de l’art britannique abstrait. Dans les années 1960, elle revient au pinceau pour concevoir des peintures à l’acrylique plus construites, telles que Break-off (« interruption », 1961), tendance qui s’accentue au gré du temps. En 1977, elle préfère la peinture à l’huile appliquée en couches épaisses, d’où ressortent des notes de couleurs chatoyantes, comme dans Orlando furioso (1977-1979). Nominée pour le Turner Prize en 1989, membre de la Royal Academy of Arts en 1991, elle poursuit son travail sur la matière, employant des couleurs de plus en plus vives et associant formes et symboles. Ses œuvres sont visibles dans de nombreuses collections publiques. En 2011, elle est élevée au rang de Commandeur de l'Ordre de l'Empire Britannique.
Fanny DRUGEON
Consultez cet article illustré sur le site d’Archives of Women Artists, Research and Exhibitions