Au moment de la Révolution culturelle, He Jiping est envoyée, à 15 ans, en camp de rééducation dans le nord-ouest du pays. Les aires de battage deviennent ses premiers plateaux de théâtre et les paysans raffolent des comédies qu’elle écrit pour eux. De retour à Pékin en 1972, elle travaille en usine et fait partie d’un groupe d’amateurs. Remarquée comme dramaturge, elle rejoint en 1982 l’équipe du Théâtre d’art du peuple et écrit Haoyun dasha (« l’immeuble de la chance », 1984), où elle décrit la vie dans un immeuble de Hongkong : mine d’informations sur le protectorat anglais pour des Pékinois alors coupés de tout. Sa deuxième pièce, Tianxia diyi lou (« le meilleur restaurant au monde », 1986), document historique, sociologique et technique sur la gestion d’un restaurant, est aussi une métaphore de l’art de gouverner. En 1989, alors qu’elle est installée à Hongkong, le réalisateur Tsui Hark lui confie l’écriture de scénarios qu’elle signe Xiao He : Huang Feihong (1991) ; Xin longmen kezhan (ou New Dragon Inn, 1992). Après huit ans au service de la télévision et du cinéma, elle intègre en 1997 le Hongkong Repertory Theatre, dont le directeur artistique, Mao Junhui, met en scène la plupart de ses pièces. En 1998, elle écrit Deling yu Cixi (« Deling et l’impératrice Cixi ») sur le choc entre l’Orient et l’Occident. Enrichie par son expérience du cinéma, son écriture est plus évocatrice et imagée. En 1999, elle adapte pour la scène le roman de Lao She : Kaishi da ji (« une inauguration prometteuse »). En 2000, elle écrit Yanyu hongchuan (« un bateau rouge dans la brume ») pour l’actrice Chen Baozhu. S’inspirant de son vécu d’immigrée, elle écrit en 2001 Ming yue he ceng shi liang xiang (ou We Are One Family). En 2002, elle adapte L’Odyssée de Lao Ts’an, de Lieou Ngo. Elle a aujourd’hui repris son indépendance et continue d’écrire pour la télévision, le cinéma et le théâtre.
Pascale WEI-GUINOT