Helena Almeida a étudié la peinture à l’École supérieure des beaux-arts de Lisbonne, ville où a lieu sa première exposition personnelle en 1967. « Mon œuvre est mon corps et mon corps est mon œuvre », aime-t-elle dire. Rangée parfois parmi les représentants du body art, elle s’interroge à travers ses photographies, ses performances, ses dessins et ses vidéos sur l’essence même de la création, sur son caractère infinitésimal. Ses attitudes ambiguës, les décors simples et ses accessoires pauvres – fil de fer, chanvre, miroir, pigments en poudre, vêtements habitacles – participent d’une mise en scène austère et poétique de la création et de ses interstices. Photographiée la plupart du temps sans visage et souvent revêtue d’attributs vestimentaires clairement féminins, en robe ou jupe noire et escarpins à talons noirs (Voler, 2001), elle a donné une dimension supplémentaire au genre de l’autoportrait. L’intensité du noir et blanc des images qu’elle crée, rehaussées en certains points stratégiques – intérieur de la bouche, plante des pieds, paume de la main – de peinture bleue ou rouge, donne un caractère classique à ces études qui sont autant d’académies d’un autre temps (Étude pour un enrichissement intérieur, 1977). Comment occupons-nous l’espace ? Que disent nos gestes ? De quoi sommes-nous faits ? Où se situent nos limites physiques ? Elle explore dans ses performances minimalistes le passage mystérieux entre sphères privée et publique, entre forme et contenu, entre présence et absence d’un corps, entre rêve et réalité, sensualité et spiritualité, violence et séduction. Alors que son travail commence à être reconnu par le milieu artistique à la fin des années 1970, elle ne revendique pas pour autant une démarche féministe, et reconnaît volontiers le caractère de séduction de certaines de ses images. Avaler, secréter, cacher, habiter la peinture, telles sont ses ambitions artistiques. Depuis son exposition au Centre d’art moderne de la fondation Gulbenkian (1987), elle a exposé à Porto (1995), Madrid (1997), New York (2004), Belém (2004). De même, elle a participé aux biennales de São Paulo (1979), Venise – où elle représentait officiellement son pays – (1982) et Sydney (2004).
Scarlett RELIQUET
Consultez cet article illustré sur le site d’Archives of Women Artists, Research and Exhibitions