Ancienne élève de l’école des écrivains de Copenhague, Helle Helle a souvent été qualifiée de minimaliste. Son style épuré donne à ses premiers livres des allures de scénarios où les dialogues sont distribués avec parcimonie. Dans ses premiers livres, Eksempel på liv (« exemple de vie », 1993) et Rester (« restes », 1996), elle relate « des histoires où il ne se passe rien ». La dérision constante à laquelle elle soumet ses personnages et l’infinie précision avec laquelle elle croque les relations humaines font sa singularité. Hus og Hjem (« maison et foyer », 1999) décrit le retour d’une femme dans sa ville natale. Lorsqu’elle s’installe, quelque temps avant son mari, dans la maison qu’ils viennent d’acquérir, elle est saisie d’une torpeur nostalgique dont rien ne semble pouvoir la tirer. Dans Rødby-Puttgarden (2005), deux sœurs employées à la boutique parfumerie des ferries reliant l’Allemagne au Danemark tentent en vain d’évoquer le souvenir de leur mère décédée dont le destin semble se répéter en elles, inéluctablement. Chienne de vie (2008) décrit les pérégrinations d’une auteure quadragénaire en mal d’inspiration qui vient de quitter l’homme avec qui elle vivait. On ne trouve pas chez H. Helle d’effusions de sentiments ni de dialogues bavards, mais elle parvient, avec un style millimétré, à une écriture si chargée d’émotion que son œuvre fait désormais école dans la littérature danoise contemporaine.
Lise DUBOST