La revue semestrielle britannique History Workshop Journal est créée en 1976 par un collectif mixte d’historiennes et d’historiens, afin de « démocratiser l’histoire », celle-ci étant « trop importante pour être abandonnée aux seuls historiens professionnels ». Les ateliers (workshops), dont la revue tire son origine, réunissent des étudiants et étudiantes, des ouvriers et ouvrières, des syndicalistes, dans la tradition de la formation continue extra-muros. HWJ adopte alors comme sous-titre « a journal of socialist historians » mais, dès le premier numéro, Sally Alexander et Anna Davin, historiennes, signent à deux un éditorial dans lequel elles critiquent la domination masculine et plaident pour une histoire féministe. À partir de 1982, le sous-titre de la revue devient : « a journal of socialist and feminist historians ». Les féministes de l’équipe publient nombre d’articles sur les femmes comme actrices de l’histoire, l’accent étant mis sur les femmes du peuple, les ouvrières et les mouvements progressistes. Le collectif éditorial, duquel sont également membres Susan Bullock et Anne Summers, et le comité consultatif accueillent au fil des ans d’autres féministes notables, comme Eve Hofstetter, Barbara Taylor, Lyndal Roper, Janet Nelson, Carolyn Steedman ou Sheila Rowbotham*. Pendant vingt ans, HWJ reflète dans les grandes lignes le courant socialiste du féminisme, qui domine dans les mouvements féministes outre-Manche. En 1995, après d’âpres débats, le sous-titre de la revue est supprimé. Sans abandonner une vision engagée de l’histoire, HWJ devient plus universitaire, porté sur des questions culturelles et moins ouvertement féministe, mais la revue continue de publier un pourcentage élevé d’articles sur les femmes et le genre.
Sian REYNOLDS