Les guerres successives ayant ravagé les bibliothèques, peu de matériaux permettent d’évoquer les débuts de la littérature féminine en Hongrie. Parmi les traces qui subsistent, les copies des manuscrits latins rédigés et/ou copiés au début du XVIe siècle par Lea Ráskai, religieuse dominicaine d’origine aristocratique, à qui l’on doit notamment la transcription de la Légende de Marguerite (daté des années 1300). La première poétesse de langue hongroise connue est Kata Telegdy (1550-1599), dont la seule œuvre parvenue jusqu’à nous est une épître en vers de style Renaissance, avec des accents ironiques par rapport aux idylles pastorales. Les psautiers ont permis de sauvegarder des poèmes religieux, dont le plus connu et le plus riche est le recueil dit de Bornemisza contenant les textes de trois poétesses : Ilona Dóczi, Ágnes Massai et Sára Ládonyi.La prose baroque de piété est largement représentée par des aristocrates, comme la baronne Erzsébet Révay (v. 1660-1732), qui a composé plusieurs recueils de prières manuscrits et probablement rédigé Siralmas beszélgetések (« conversations plaintives », 1703) ; son ton personnel la distingue de ses contemporaines. Autre poétesse remarquable de l’âge baroque, la baronne Anna Vay Zay (? -1733), que l’échec de la guerre d’indépendance, en 1711, force à s’exiler jusqu’en 1722 en Pologne, où elle vit dans une misère extrême. Ses œuvres n’ont été publiées qu’à titre posthume, notamment Nyomoruság oskolája (« l’école de la misère »), recueil qui s’intègre bien dans la tradition mélancolique des œuvres féminines d’inspiration autobiographique, et Herbarium : Orvos könyv (« livre de conseils médicaux traduit du tchèque »)...
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