Depuis le début du siècle, malgré le nombre d’écrivaines hongroises et l’abondance de leur production, l’étude de la littérature féminine ne commence que dans les années 1990, et la seule écrivaine officiellement reconnue est Margit Kaffka (1880-1918), une des créatrices du roman moderne. À partir des années 1950, les communistes font bannir des bibliothèques publiques les œuvres de la plupart des écrivaines populaires avant la Seconde Guerre mondiale, et interdisent leur réimpression ; c’est ainsi que la tétralogie romanesque historique féministe de Lola Kosáryné Réz* a pu échapper à l’attention des historiens de la littérature. La politique culturelle officielle popularise fortement les œuvres des écrivaines de gauche, notamment celles de la poétesse pacifiste et antifasciste Zseni Várnai (1890-1981) ou d’Erzsi Újvári (1899-1940), qui avait fait siennes les orientations poétiques de l’avant-garde française. Cependant, la critique littéraire, dans l’ensemble demeurée patriarcale, n’a pas non plus apprécié la littérature féminine à sa juste valeur.Écrivaines aux origines sociales diversesLa plupart des écrivaines de l’avant-guerre sont issues de familles de propriétaires terriens moyens – comme Szefi Bohuniczky*, Cécile Tormay (1876-1937) ou Julianna Zsigray (1903-1987) –, les autres appartenant aux couches inférieures de la classe moyenne, comme Gizella Dapsy (1885-1940), familière des cercles de poètes les plus modernes et auteure de poésies conventionnelles sous le nom de Nil, ou Ilona Unger (dite Alba Nevi, 1886), qui publie...
La suite de cet article n'est pas accessible gratuitement.