Poétesse arménienne de la diaspora, Hourie Ipékian grandit à Beyrouth et écrira toute sa vie en arménien et en français. Elle publie de courts poèmes arméniens signés Adra dans la revue Hayrénik (« patrie ») de Boston (1936-1937), puis elle entreprend des études de lettres, de pédagogie et d’arménologie à l’Université libre de Bruxelles (1937-1941). Elle fait paraître en français un recueil poétique, Couleur du temps (1944), suivi de Sonate (1946) ; ce poème dramatique, inspiré de la Sonate en si bémol mineur de Frédéric Chopin et préfacé par Lucien-Paul Thomas de l’Académie royale de Belgique, est bien accueilli par la critique. Attirée par le théâtre – milieu de son enfance –, la poétesse monte elle-même une création scénique de la Sonate, représentée à Bruxelles, Liège et Paris. Auréolée de succès, elle retourne en 1947 à Beyrouth, où le poète Mouchegh Ichkhan traduit en arménien le dernier mouvement de Sonate. Charismatique et chaleureuse, l’auteure séduit son public et a de nombreuses fonctions : enseignante de français, poétesse arménienne, collaboratrice au quotidien L’Orient-Le Jour et conférencière. En 1952, un mariage éphémère la fixe à Paris. Dès lors, sa vie se partage entre le professorat, la traduction, la présidence d’une association arménienne caritative, la rédaction de la section arménienne de l’Index bio-bibliographicus notorum hominum (1972) et les tournées de conférences qui la mènent d’Irak aux États-Unis. Ses poèmes en arménien, de style impressionniste, restent encore dispersés dans des revues. Elle a laissé en français un drame inédit en trois actes et un tableau, Léningrad, par hasard.
Anahide TER-MINASSIAN