Isabelle la Catholique épouse Ferdinand II, roi d’Aragon, en 1469. Alors qu’aucune loi ne prévoit l’accession d’une femme au trône d’Espagne, elle se proclame, et sans prendre l’avis de son mari, reine de Castille à l’âge de 23 ans (1474). Elle crée la milice de la Santa Hermandad pour faire régner l’ordre après les années de guerre civile et commence la codification des lois. Cette reine inflexible est aussi connue pour avoir organisé l’Inquisition dès 1481, qui a mis fin à huit siècles de présence musulmane en Espagne et fait expulser tous les juifs d’Espagne dès 1492, en les forçant à l’exil ou à la conversion. Dès 1480, le pouvoir juridique donné par la couronne d’Espagne aux inquisiteurs est absolu. Leurs exactions, sans jugement, sont sans limite – confiscation de biens, tortures, mises à mort sur les bûchers – ; ils menacent toute personne soupçonnée de s’écarter de l’orthodoxie catholique. La Reconquista s’achève en 1492 avec l’annexion du royaume de Grenade, mais l’Inquisition, de plus en plus violente, va se poursuivre bien au-delà du règne des Rois Catholiques. Après la reconquête, Isabelle la Catholique prend le titre de reine d’Espagne et prépare l’unification du pays avec Ferdinand II. C’est elle aussi qui aide financièrement Christophe Colomb à conquérir le Nouveau Monde, une découverte à l’origine de l’âge d’or de l’Espagne. La Castille devient l’une des premières puissances d’Europe, et le castillan, une langue à vocation universelle. Sous son règne, l’Espagne se trouve au centre d’un vaste empire. De ses trois enfants, seule sa fille Jeanne la Folle survit ; héritière de la monarchie, elle lui succède et donne naissance au futur Charles Quint.
Brigitte FROTIÉE