Très tôt, dès 1910, Jeanne Coppel a appris le métier de peintre : préparer ses toiles, savoir comment les pigments se tolèrent ou se combattent. Elle a gardé ces bonnes habitudes professionnelles : on est souvent étonné par la fraîcheur et la conservation de ses tableaux. En 1912, elle poursuit ses études à Berlin. Ses professeurs sont Michel Larionov et Natalia Gontcharova*, qui viennent d’inventer le rayonnisme, où les objets ne sont pas représentés par leurs formes, mais par les rayons qu’ils échangent. J. Coppel est donc une des pionnières de la peinture non figurative (peinture abstraite). En 1916, la Roumanie étant entrée en guerre, elle est contrainte de se réfugier dans un village de Moldavie où il n’y a pas de matériaux pour peindre. Ayant trouvé un lot de papiers de soie colorés, elle fait des collages « rayonnistes », mais la technique est différente, et le style de ses œuvres s’éloigne de celui de ses premiers maîtres. En 1919, revenant à Paris, elle s’inscrit à l’atelier Ranson où ses professeurs sont Édouard Vuillard, Maurice Denis et Paul Sérusier. En 1920, elle épouse Théodore Coppel et a un fils, Georges, en 1922. Entre figuration « nabi » et abstraction, J. Coppel hésite jusque vers 1936. Pendant la guerre, la famille se réfugie d’abord à Marseille, puis à Aix. En 1942, dans une situation proche de celle qu’elle a vécue en 1916, J. Coppel revient aux collages, avec une plus grande liberté. Au point de vue formel, les compositions sont plus complexes. Quant aux matériaux, elle a écrit comment leur variété peut inspirer la création picturale. De retour à Paris, en 1946, elle reprend le pinceau et réalise des tableaux très subtils à l’huile, tout en continuant les collages. Son style, d’abord très rigoureux, évolue vers des formes de plus en plus libres. Elle a beaucoup contribué au Salon des réalités nouvelles, fondé par Robert et Sonia Delaunay* en 1939. Jusqu’à la fin de sa vie, son esprit n’a cessé d’imaginer une peinture nouvelle.
Georges COPPEL
Consultez cet article illustré sur le site d’Archives of Women Artists, Research and Exhibitions