Petite bergère lorraine, Jeanne d’Arc dit avoir entendu, dès l’âge de 13 ans, des voix surnaturelles lui confiant la mission de sauver la France, alors occupée par les Anglais, soutenus par les bourguignons, lors de la guerre de Cent Ans. En janvier 1429, mue par une mystérieuse force intérieure, elle persuade le capitaine de Vaucouleurs, Robert de Baudricourt, de lui fournir une escorte pour se rendre auprès du roi Charles VII, réfugié à Chinon. Après une entrevue restée secrète avec ce dernier, elle obtient quelques troupes et se transforme alors en véritable chef de guerre. À la fin du mois d’avril 1429, à la tête de combattants galvanisés, elle marche sur la ville d’Orléans, assiégée par les Anglais depuis sept mois, et la délivre le 8 mai. Elle défait à nouveau les Anglais à Patay, le 18 juin, puis, sans combat, ouvre la route de Reims et permet le sacre de Charles VII le 17 juillet. Le roi de France est ainsi le monarque légitime d’un royaume retrouvé. L’année suivante, la jeune femme se lance au secours de Compiègne, assiégée par les bourguignons. Cependant, elle est capturée aux portes de la ville et ne parvient pas à s’évader, malgré plusieurs tentatives. Elle sera finalement livrée aux Anglais, puis jugée à Rouen comme hérétique et comme sorcière par un tribunal ecclésiastique présidé par le célèbre évêque de Beauvais Pierre Cauchon. D’abord condamnée à l’emprisonnement, elle est ensuite brûlée vive le 30 mai 1431, sur la place du Vieux-Marché. Elle a alors 19 ans. À la suite d’une enquête voulue par Charles VII, elle est réhabilitée par le pape Calixte III en 1456. Elle sera béatifiée en 1909 et canonisée en 1920. Couramment appelée la Pucelle, parfois même « la dixième preuse », en référence aux neuf preuses désignées par Jehan Le Fèvre, Jeanne d’Arc demeure encore aujourd’hui non seulement la sainte patronne protectrice d’Orléans mais aussi le symbole du patriotisme français. Son personnage, modeste bergère transformée par la foi en chef de guerre, a alimenté une abondante littérature et inspiré de nombreux films. Il fascine des dramaturges de toutes les époques, tels Shakespeare, Voltaire, Schiller ou Anouilh. En 1910, le poète français Charles Péguy écrit sur elle un ouvrage sublime et inspiré intitulé Le Mystère de la charité de Jeanne d’Arc. Son parcours de martyr sera adapté quinze fois au cinéma, de 1898 à 2000. Des cinéastes aux noms prestigieux se sont intéressés à son destin : les Américains Otto Preminger et Victor Fleming, le Danois Carl Theodor Dreyer, les Français Robert Bresson Jacques Rivette et Luc Besson. Quels que soient la véracité des actes d’héroïsme qu’on a pu lui prêter et son véritable impact sur l’histoire de France, Jeanne d’Arc reste une figure marquante de la guerre de Cent Ans et une icône à la réputation mondiale. Beaucoup de pays ont connu, depuis, des émules de cette héroïne, au destin similaire.
Elisabeth LESIMPLE