Au Caire de 1878 à 1919, Jehan d’Ivray mène une activité romanesque (Le Prince Mourad, 1898 ; Souvenirs d’une odalisque, 1913) autobiographique et féministe (Au cœur du harem, 1911), critique (Bonaparte en Égypte, 1914), et journalistique au sein des périodiques francophones égyptiens. De retour en France, elle publie de nouveaux romans égyptisants (La Rose du Fayoum et Mémoires de l’eunuque Bechir Aga, 1921) qui mettent parfois en scène des rencontres de cultures (L’Étrange destin de Mademoiselle Aïssé, 1935), et signe des essais critiques (L’Égypte éternelle, 1921 ; L’Aventure saint-simonienne et les femmes, 1929). Ethnosociologue interculturelle avant l’heure et mémorialiste, elle est un témoin privilégié de la dernière génération ottomane qu’elle connaît de l’intérieur, et de la présence française au Proche-Orient. Membre de la Société des gens de lettres, du club parisien George Sand*, elle préside l’association Sol natal qui regroupe des femmes françaises mariées à des étrangers et leurs enfants.
Daniel LANÇON