Jennifer Bartlett étudie au Mills College d’Oakland, où elle rencontre Elizabeth Murray* (1940-2007) et son premier mari, Ed Bartlett, puis elle sort diplômée de l’université Yale en 1965. Elle abandonne rapidement son poste d’enseignante pour se consacrer à la peinture, et s’installe à New York. Tout en cherchant une voie personnelle, à l’heure où règnent l’earth art, le body art ou l’art conceptuel, elle écrit Cleopatra, publié en 1971, et rédige un ouvrage autobiographique, House of the Universe, qui paraîtra en 1985. En 1968, travaillant sur des formats monumentaux, la peintre recherche un support qui ne nécessite aucune préparation préalable, contrairement à la toile. Elle commence à employer comme modules de base des petites plaques d’acier : tantôt des plaques émaillées blanches qui évoquent le métro new-yorkais, tantôt des plaques imprimées de lignes semblables au papier millimétré. Elle les recouvre ensuite de peinture à maquette Testor, et expérimente différentes combinaisons. Au cours de l’été 1975, à Southampton, elle réalise ainsi Rhapsody (1975-1976), œuvre exposée avec succès l’année suivante à la galerie Paula Cooper à New York. Cette création est composée de 988 plaques, qui sont autant de variations abstraites et figuratives sur le motif de la maison dans laquelle elle résidait. À la fin des années 1970, sa série des Swimmers (« nageurs ») réunit côte à côte le même motif : l’un peint sur une plaque émaillée, l’autre peint à l’huile sur toile. Elle exploite, dans les années 1980, cette association de supports dotés d’un sujet identique exécuté selon différents angles de vue ou dans divers styles, à laquelle elle adjoint parfois des répliques en trois dimensions des éléments représentés, donnant l’impression qu’ils sortent du tableau (Sunset and Concrete Dock, « coucher de soleil et quai en béton », 1984). J. Bartlett poursuit son travail sur le traitement tour à tour abstrait, figuratif et pointilliste d’un même sujet pour, finalement, mêler l’ensemble, comme dans sa série Amagansett (2007).
Fanny DRUGEON
Consultez cet article illustré sur le site d’Archives of Women Artists, Research and Exhibitions