Jo Baer a étudié la biologie, la psychologie et la philosophie à Seattle et à New York. À partir de 1957, installée à Los Angeles, elle commence ses premières expérimentations picturales dans la tradition de l’expressionnisme abstrait (Fake De Kooning, 1959 ; Fake Pollock, 1959). Son retour à New York, au début des années 1960, est décisif : elle y fréquente l’avant-garde, se lie d’amitié avec Dan Flavin et Donald Judd, ainsi qu’avec d’autres artistes de l’art minimal, dont elle devient rapidement l’une des représentantes. Son travail est présenté pour la première fois lors d’une exposition collective organisée par D. Flavin, en 1964, à la galerie Kaymar. Bien qu’elle utilise une toile, un châssis et de la peinture, elle développe une approche singulière du genre, qui correspond aux questionnements de l’époque. Influencée par le style californien du hard-edge, caractérisé par une économie du geste, des formes et de la couleur, elle met en place un système simple et épuré : de grandes toiles blanches, bordées par des lignes de peinture noire, auxquelles viennent parfois s’ajouter des lignes de couleur (Double Bar Diptych : Green and Red, 1968 ; série des Korean Paintings, 1963). Verticales ou horizontales, les toiles sont généralement accrochées à quelques centimètres du sol pour provoquer des jeux d’ombres. À la fin des années 1960, son style se radicalise. Désormais, les bandes noires et colorées qui formaient un cadre, se déplacent vers les extrémités, investissant uniquement les bords de la toile (Grey Wraparound : Blue, 1969). Ainsi, elle décale le sujet, autrement dit le point de convergence traditionnel, vers l’extérieur, soulignant alors la forme géométrique du support. J. Baer a voulu se débarrasser de toute hiérarchie, ambiguïté ou illusion dans son travail. Malgré cette réduction à l’essentiel de la peinture faisant écho au minimalisme, elle continue d’utiliser des matériaux traditionnels et de dessiner à la main, tandis que les œuvres des sculpteurs minimalistes sont généralement produites industriellement. À la fin des années 1970, elle se tourne peu à peu vers la figuration, à travers laquelle elle dépeint un monde empreint d’onirisme. Désormais, sa peinture est foisonnante, emplie de personnages évoluant dans des brumes épaisses aux couleurs variées (Red, White and Blue Gelding Falling to its Right [Double-Cross Britannicus/Tri-Color Hibernicus], 1984-1986). De nombreuses expositions ont été consacrées à l’œuvre singulière de J. Baer.
Ludovic DELALANDE
Consultez cet article illustré sur le site d’Archives of Women Artists, Research and Exhibitions