Formée à l’école d’art Ar.Co de Lisbonne, Joana Vasconcelos a reçu, entre autres, le prix EDP Nouveaux Artistes en 2000 et le prix The Winner Takes It All du Museu Coleção Berardo, en 2006 à Lisbonne. Présenté lors d’importantes expositions personnelles et collectives au Portugal et à l’étranger, son travail frappe tout d’abord par son inventivité, son exubérance chromatique et son apparence ludique. De nombreuses sculptures et installations sont créées par une accumulation d’objets du quotidien : l’énorme lustre de A Noiva (« la mariée », 2001-2005), présenté à la Biennale de Venise en 2005, est fabriqué avec des milliers de tampons hygiéniques, qui, détournés de leur fonction habituelle, ironisent sur les mécanismes de la société de consommation, alors que le titre suggère une possible référence à l’œuvre de Marcel Duchamp. La question de l’identité « féminine » est explorée par l’artiste dans de multiples pièces, notamment à travers l’appropriation d’éléments extraits de l’univers domestique, comme le travail au crochet ou des casseroles et des couvercles, avec lesquels est fabriquée, par exemple, une série d’escarpins géants (Shoes, « chaussures», 2007-2012). Cette stratégie d’appropriation et de détournement touche également l’univers de la culture populaire, en particulier portugaise : ainsi, les somptueuses œuvres de Coração Independente (« cœur indépendant », 2004-2008) évoquent à la fois le fado et les traditionnels bijoux portugais en filigrane, tout en étant fabriquées avec des couverts en plastique coloré, matériau moderne et anodin ; dans Euro-Visão (« euro-vision », 2005), un téléviseur, transmettant le célèbre concours de chansons populaires est recouvert de napperons au crochet, que l’on retrouve dans de nombreux foyers. L’artiste est intervenue à plusieurs reprises dans l’espace public en créant des œuvres, souvent de grandes dimensions : pour Varína (2008), elle a collaboré avec de nombreuses femmes pour réaliser un ouvrage monumental au crochet, destiné à être suspendu sous le pont Dom Luís I, à Porto. Son œuvre a été présentée dans une importante exposition monographique en 2010, au musée de la collection Berardo. En 2012, elle est la première femme et la plus jeune artiste invitée à exposer au château de Versailles, mais sa mémorable « mariée » se voit retirée de l’exposition.
Giulia LAMONI
Consultez cet article illustré sur le site d’Archives of Women Artists, Research and Exhibitions