Joanne Greenbaum a étudié au Bard College, où elle a travaillé avec Elizabeth Murray* (1940-2007). Sa peinture, fondée sur l’expérimentation et l’hybridation de plusieurs formes, entretient des relations très fortes avec le dessin, qui constitue une sorte de trame ou de canevas. Elle a exposé dans de nombreux musées et institutions dans le monde. Présentée lors de l’exposition The Triumph of Painting en 2007, à la Saatchi Gallery, son œuvre dépasse et se libère des cadres traditionnels de l’abstraction. La nature du geste – fondamental dans son travail – s’éloigne de celui employé dans la peinture expressionniste. Des éléments abstraits sont agencés avec un sens aigu de la couleur et du rythme : des toiles telles que Trend Report (« rapport de tendances », 2004) ou Prom King (2006) associent des trames, des systèmes fondés sur des formes d’architectures utopiques, auxquels elle adjoint de multiples arabesques et pans de couleurs, dans des assemblages complexes et amusés. Parallèlement, ses dessins, qu’elle pratique sur un mode proche de l’écriture automatique, sont de véritables labyrinthes qui alternent équilibre et déséquilibre, ordre et chaos. Dans les huiles sur toile de la fin des années 1990, la toile est laissée presque blanche, tandis que des motifs de cercles répétés ou de formes architecturales fondées sur la ligne viennent parcourir sa surface. Dans Peinture, trois regards (2000), Éric de Chassey décrit la logique imaginative et psychologique qui les anime : « À une construction stable utopique, elle (l’artiste) oppose des lieux impossibles, des hétérotopies provisoires, suivant une logique de questionnements internes ; elle assigne à ses tableaux actuels une origine dans le processus entamé, il y a une dizaine d’années, “d’introspection, dont le résultat a été que le doute de soi est devenu lui-même le sujet” du travail. » Si le blanc est encore présent dans ses toiles les plus récentes, la couleur tend à envahir les œuvres de J. Greenbaum, en leur conférant leur force et leur structure.
Marion DANIEL
Consultez cet article illustré sur le site d’Archives of Women Artists, Research and Exhibitions