À partir du milieu du XVIIIe siècle, les femmes des milieux aisés, qui manient la plume avec aisance, trouvent dans le journal intime un moyen d’expression privilégié. Fragmentaire, il permet de se consacrer à l’écriture par intermittence, au fil de ses loisirs. Solitaire, il convient aux recluses du foyer. Privé, il protège d’une exposition sur la scène publique. Secret, il autorise une liberté d’expression insoupçonnée. Monologue avec soi-même, il offre les clefs de la connaissance de soi. Dialogue avec l’altérité, il invite à la découverte du monde. Témoignage, il donne la sensation d’avoir prise sur le temps. Création, il peut encourager une vocation artistique.Un premier type de journal intime tenu par les Allemandes – et l’ensemble des Européennes – est le journal religieux. La religion, une des expériences fondamentales vécues par les femmes des siècles passés, suppose une introspection qui trouve dans le piétisme du XVIIIe siècle allemand un terrain d’élection, et pas seulement au sein des milieux protestants. La...
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■ SCHOPENHAUER A., Journal d’une solitaire (Tagebuch einer Einsamen, 1985), Paris, Presses Universitaires de France, 1989 ; HEYDEN-RYNSCH V. von der, Écrire la vie, trois siècles de journaux intimes féminins, Paris, Gallimard, 1998.