Après un BFA (Bachelor of Fine Arts) à l’Atlanta College of Art en 1991, Kara Walker obtient son MFA (Master of Fine Arts) à la Rhode Island School of Design en 1994. Durant la même année, le retentissement de son exposition au Drawing Center de New York la propulse sur la scène artistique internationale. Aujourd’hui, elle enseigne à l’université de Columbia. Indissociable de son statut d’artiste noire, son œuvre traite sans tabou ni fausse pudeur les aspects les plus déplaisants du racisme et du sexisme de l’histoire américaine. Son travail s’identifie à la technique des silhouettes, dont l’apparition remonte au XVIe siècle et le développement au XVIIIe siècle, mais on peut aussi le relier à la fille de Dibutade, « première » femme artiste et origine légendaire de la peinture, qui traça la silhouette de son amant sur un rocher. Son mode d’expression puise aussi dans le répertoire des panoramas et cycloramas du XIXe siècle, les gravures de Goya, la pseudo-science de la physiognomonie, les minstrel shows ou encore le roman d’amour. Depuis 1993-1994, ses installations de figures à l’échelle humaine se développent sur de vastes murs, comme des fresques, dans des proportions inhabituelles pour une pratique généralement consacrée à des (portraits) miniatures. Cette ampleur trouve également un écho dans le titre : Slavery ! Slavery ! Presenting a Grand and Lifelike Panoramic Journey Into Picturesque Southern Slavery or Life at “Ol’Virginny’s Hole” (Sketches From Plantation Life, 1997). L’artiste y dénonce l’exploitation, l’oppression des Noirs par les Blancs, mais aussi l’hypersexualisation de la femme noire. Son travail trouve un prolongement logique dans des films d’animation (Testimony, Narrative of Negress Burdened by Good Intentions, 2004) et des aquarelles en couleurs réalisées depuis la fin des années 1990.
Raphaël CUIR
Consultez cet article illustré sur le site d’Archives of Women Artists, Research and Exhibitions