La militante pacifiste Leymah Gbowee a contribué à mettre fin aux guerres civiles qui ont ravagé le Liberia jusqu’en 2003. Inversant les références auxquelles ont recours d’autres militantes, elle déclare dans Jeune Afrique, en 2011 : « N’attendez pas un Mandela, n’attendez pas un Gandhi, n’attendez pas un Martin Luther King, mais soyez votre propre Mandela, votre propre Gandhi, votre propre Martin Luther King. » Issue de l’ethnie Kpellé, de mère pharmacienne et de père fonctionnaire, elle est surnommée sur la scène internationale « guerrière de la paix ». Mais son arme principale est la prière – à quoi s’ajoute une grève du sexe, en 2003, qui oblige le régime de Charles Taylor à associer les femmes aux pourparlers de paix (il est contraint de quitter le pays peu après). Travailleuse sociale, L. Gbowee côtoie les enfants-soldats pendant la guerre. Elle décrit leur condition pire que misérable – drogués, armés – dans un documentaire sur le combat des femmes libériennes pour la paix : Pray the Devil Back to Hell. Pour parler de son combat et du gigantesque sit-in qu’elle a organisé dans la capitale, Monrovia, elle écrit dans son autobiographie : « Il s’agit d’une armée de femmes vêtues de blanc, qui se sont levées lorsque personne ne le voulait, sans peur, parce que les pires choses imaginables nous étaient déjà arrivées. » Elle est elle-même mère de six enfants et dédie son Nobel aux femmes africaines, qui auront désormais « leur mot à dire ». « Jamais la violence n’a réglé quoi que ce soit », déclare-t-elle également. Elle partage le prix Nobel 2011 avec la présidente du Liberia Ellen Johnson Sirleaf* et la Yéménite Tawakul Karman*. En février 2012, elle crée une fondation pour l’éducation des filles qui donne des bourses pour l’école et l’université.
Nicole CASANOVA