Après des études de gravure à l’Institut des beaux-arts d’Estonie (1983-1989), Liina Siib se tourne rapidement vers le collage, l’impression numérique, et surtout la photographie, discipline dans laquelle elle obtient en 2003 un master à l’Académie des beaux-arts d’Estonie, où elle enseigne depuis lors. Plusieurs de ses séries photographiques représentent des femmes ou des enfants. Qu’il s’agisse de photos mises en scène ou (plus rarement) prises sur le vif, on y perçoit une tension entre l’innocence et la sensualité, voire la culpabilité, comme dans ses portraits de pensionnaires d’une prison pour femmes (Süütuse presumptsioon, « présomption d’innocence », 1997) ou de jeunes élèves d’une école de mannequins (Scratch Drive, 1997). Elle s’est intéressée également à des lieux abandonnés, comme l’ancienne usine de cellulose de Tallinn (Le Carceri, 1998), dont elle montre à la fois le délabrement et la beauté plastique. Elle conçoit en 2001 et 2004 une série de fausses affiches de cinéma, jouant avec les clichés du genre. En 2011, elle représente l’Estonie à la biennale de Venise avec une installation de photographies et de vidéos interrogeant la vie professionnelle des femmes, ainsi que leur rapport à l’espace physique et social et à leur propre corps (A Woman Takes Little Space, 2011). Les œuvres de L. Siib ont été présentées dans une trentaine d’expositions personnelles en Estonie, mais aussi en Lettonie, en Finlande, en Allemagne, en Belgique et en France.
Antoine CHALVIN
Consultez cet article illustré sur le site d’Archives of Women Artists, Research and Exhibitions