L’œuvre de Liliana Heer s’efforce d’aller au-delà de la fiction et se rapproche des théories littéraires et psychanalytiques. Dans
Repetir la cacería (« recommencer la partie de chasse », 2003),
Ex crituras profanas (« ex critures profanes », 2006) ou
Neón (2007), le mélange des genres, l’inclusion d’éléments hétérogènes, le fragment, le montage, la temporalité non linéaire et le non-dit maintiennent les sens en suspension permanente, menaçant la vraisemblance et la lisibilité. Le mot se fait image dans
Ángeles de vidrio (« anges de verre », 1998), où les références cinématographiques modèlent la narration et où la syntaxe tente de devenir musique ou poésie. L’écriture dénonce les systèmes d’exclusion et de contrôle des corps et des subjectivités, avec comme nœud central la sexualité humaine : ses transgressions, ses violences, exercées principalement sur les femmes et la violation des tabous. La dénonciation prend la forme de tensions entre absence, mort et vie, fiction et réalité, raison et folie dans
Frescos de amor (« fresques d’amour », 1995), et entre innocence et culpabilité dans les nouvelles de
Dejarse llevar (« se laisser porter », 1980). L. Heer a reçu le prix Boris-Vian pour son roman
Bloyd (1984).
Laura ARNÉS