Après avoir séjourné quelque temps à Livourne, où, en 1955, elle a entrepris une collaboration avec un théâtre d’avant-garde, Lucia Marcucci s’installe à Florence. Comme la plupart des jeunes talents des années 1960, elle fait ses débuts avec des artistes poètes, avec le Gruppo 70, la revue Tèchne et plus particulièrement avec le Gruppo internazionale di poesia visiva (« groupe international de poésie visuelle »). Elle participe à de nombreuses revues (Arte Oggi, Il Portico, Nuova Corrente, La Battana, Lotta Poetica) témoignant de l’engagement idéologique de la « lutte artistique ». Ses collages et objets d’art sont exposés lors de nombreuses manifestations, notamment à la Biennale internazionale dell’arte (Venise, 1978), à Florence et à Rome. L. Marcucci s’impose par son étonnante manipulation des codes visuels, gestuels et corporels ; dans la série Impronte e Paesaggi (« empreintes et paysages », 1976), on trouve une sorte d’autobiographie au moyen des marques du corps. Dans ses compositions, les slogans, signes, images et couleurs – surtout les noirs et les rouges –, relevant d’une créativité ludique, tape-à-l’œil, violente et vitale, s’affichent en tant que procédés visant la provocation : un réquisitoire global contre les drames qui affectent le monde. Parmi ses thèmes-griefs : la marchandisation du corps de la femme et de sa beauté, la loi du profit, la guerre du Vietnam et les bombes au napalm, la faim, l’exploitation de la nature. Un tel diagramme se constitue à partir d’œuvres comme Semplice facile divertente (« simple, facile, amusant », 1966), Io ti ex-amo (« je t’ex-aime », 1966), un roman technologique, Nove stanze (« stances nouvelles », 1972), un récit visuel et une série de livres-objets (1983).
Enza BIAGINI
Consultez cet article illustré sur le site d’Archives of Women Artists, Research and Exhibitions