Issue d’une famille de banquiers, Ma Ma Lay grandit dans une fratrie de cinq enfants. Elle débute dans le monde littéraire sous le pseudonyme de Ya Wai Liang en publiant des articles et des nouvelles. En 1939, elle fonde The Journal Kyaw avec son mari U Chit Maung, rédacteur en chef du journal Myanma Alin Maily, dans lequel elle a déjà rédigé un article en 1936, « Être une femme instruite », et adopte le nom de plume Ma Ma Lay. Considérée comme une des plus grandes écrivaines birmanes du XXe siècle, elle signe plus d’une vingtaine d’ouvrages et des nouvelles publiées dans des mensuels. Connue pour son art de mettre en scène la société moderne dans un style simple et limpide, elle attire des lecteurs de tous âges. En 1946, elle lance Pyithu Hittaing (« la voix du peuple »). Quelques années plus tard, son imprimerie est détruite par des étudiants hostiles à ses tendances jugées trop gauchistes. Elle publie Thu lo lu (« une personne comme lui », 1947), un roman à succès qui retrace l’histoire de son mari décédé et évoque la complémentarité du couple, un thème très populaire en Birmanie. En 1950, elle dirige de nouveau une imprimerie, mais de moins grande envergure. Elle est la première femme à présider l’Association des auteurs en 1948. Constatant les limites de la médecine occidentale à la suite de la mort inexpliquée de son mari et de l’échec d’une opération effectuée sur la jambe de sa fille par un chirurgien britannique, elle entreprend des études de médecine traditionnelle pendant quinze ans avant d’ouvrir une clinique à Rangoon. Elle sillonne son pays pour soigner bénévolement les malades atteints de pathologies graves (tuberculose, cancer, hépatite B, lèpre, éléphantiasis). Le Mal Aimé (1955) et Twe ta saint saint (A slow Stream of Thoughts and Burnese Medecine Tales, 1963) sont récompensés par des prix littéraires. Le premier, traduit en anglais, français, ouzbek, russe et chinois, dénonce la domination de la culture britannique mettant en péril les traditions de son pays. En 2006, le roman Thway, le sang a été adapté au cinéma par le réalisateur japonais Chino Kōji ; le film, tourné presque intégralement en Birmanie (événement rare sous la gouvernance militaire), a été présenté hors compétition lors du 17e Festival international de Tokyo.
Sabai SHWE DEMARIA