Née dans la province de l’Iloilo (Visayas), Magdalena Jalandoni est issue d’une famille riche qui s’intéresse aux arts. Très précoce, elle commence à écrire des poèmes et des corridos à 6 ans. À 16 ans, elle publie son premier roman, Ang Mga Tunoc sang Isa Ca Bulac (« les épines d’une fleur », 1907). Ce roman, écrit en langue vernaculaire (le hiligaynon), connaît un certain succès. Elle décide alors, contre l’avis de sa famille, de ne pas se marier et d’arrêter ses études pour se consacrer à l’écriture, en hiligaynon, contrairement à l’usage de plus en plus répandu parmi les écrivains de sa génération d’écrire en anglais. Beaucoup de ses écrits – notamment plusieurs autobiographies, dont Ang Matamis Kong Pagkabata (« ma douce enfance ») – n’ont pas été édités et d’autres ont été perdus dans un incendie pendant l’occupation japonaise. Elle a néanmoins publié une trentaine de romans, 91 poèmes, une trentaine de pièces de théâtre et 71 nouvelles. Ses romans sont principalement parus sous forme de feuilletons dans Hiligaynon et Yuhum, les deux principaux journaux en langue vernaculaire. Nationaliste et féministe, M. Jalandoni met en scène des personnages de femmes indépendantes et déterminées. Ses écrits retracent l’histoire locale, depuis la période précoloniale jusqu’à l’époque contemporaine, et décrivent les formes d’exploitation subies par les plus pauvres, les femmes et plus généralement les Philippins dans le contexte colonial. Ses romans les plus connus sont Juanita Cruz (1967), Amay nga Nagtalang (« le père qui s’est perdu », 1962), Ang mga Ilo (« les orphelins », 1930), Ang Dalaga sa Tindahan (« la jeune femme au marché », 1935) et Ang Kahapon ng Panay (« le passé de Panay », 1958). Son poème « Ang Guitara » (« la guitare ») est devenu un classique des anthologies. Elle a reçu en 1969 et en 1977 le Republic Cultural Heritage Award, décerné pour la première fois à un écrivain en langue vernaculaire.
Gwénola RICORDEAU