Laborieuse et résignée, l’ouvrière aspirant à vivre de sa plume fit l’admiration de ses maîtres, Lamartine, Béranger et Sainte-Beuve. Son premier recueil de poésie Rêves et réalités (1855) et son ouvrage en prose Impressions d’une femme, pensées, sentiments, portraits (1868) ont été couronnés par l’Académie française. La douleur de Malvina Blanchecotte se profile entre les lignes mélancoliques de ses poésies, faites de sentiment et non de sensation, où se peignent les scènes de la vie intime. Tout au long de sa vie, face à la dure réalité de la hiérarchie sociale, elle s’est trouvée à l’écart, tiraillée entre les réalités de la femme du peuple et les rêves du poète. À la suite d’un accident, son mari est frappé de démence ; ajoutant le travail manuel à celui de la pensée, elle doit subvenir seule aux besoins de son fils unique. Sa poésie, comme sa prose, révèle la voix « domestique » d’une femme aux prises avec un siècle imbu de préjugés de genre, de race et de classe. À la fois sentimentale et intellectuelle, féminine et protoféministe, cette autodidacte dite « romantique attardée » laisse avec ses Tablettes un précieux témoignage sur le vécu de la Commune.
Adrianna PALIYENKO