Issue d’une ancienne famille d’intellectuels, Mária Berde a été la plus éminente représentante de la littérature en langue hongroise de Transylvanie de l’entre-deux-guerres. Après des études de hongrois et d’allemand à l’université de Kolozsvár, elle publie en 1912 son premier recueil de poésies, encore marqué par le courant patriotique et populiste, mais soulevant déjà la question de l’égalité des femmes et des hommes. Elle consacre aussi sa thèse de doctorat à l’œuvre d’une femme, la poétesse autrichienne Gabriella Baumberg. L’année 1912 passée à Munich est le ferment de son roman impressionniste Az örök film (« film éternel », 1917), où une mosaïque d’atmosphères évoque la vie estudiantine de la ville et dont un des personnages s’inspire de Rilke. Haláltánc (« danse macabre », 1924), marqué par l’esthétique du Jugendstil, renvoie aux expériences de sa cure de près d’un an dans un sanatorium suisse. Ses œuvres témoignent d’une profonde foi calviniste et d’un humanisme généreux, hostile à la montée du fascisme et de la xénophobie. Féministe, M. Berde, dont le roman Szent szégyen (« honte sacrée », 1925) relate la vie d’une mère célibataire, était convaincue que la disparition des préjugés sociaux mettrait fin à l’assujettissement des femmes et conduirait à des rapports de symétrie entre les deux sexes. Si son recueil Seherezádé himnusza (« hymne de Schéhérazade », 1928) est celui de la maturité poétique, son dernier livre, A hajnal emberei (« les hommes de l’aurore », 1943), dont l’action se déroule dans la Transylvanie du XIXe siècle et qui n’a paru en édition intégrale qu’en 1995, marque le sommet de son œuvre romanesque. Professeure de lycée et rédactrice pour divers périodiques, elle a aussi été traductrice de poètes roumains et allemands en hongrois.
Judit KÁDÁR