Bien que n’ayant pas fréquenté l’école, Maria Cunitz reçoit une solide éducation grâce à la bibliothèque bien fournie de son père, médecin et philosophe, et à de brillants professeurs particuliers. Dès son plus jeune âge, elle excelle dans de nombreuses disciplines : les mathématiques, la médecine, l’histoire, la poésie, la musique et la peinture, et maîtrise sept langues (allemand, polonais, italien, français, latin, grec, hébreu). À l’âge de 19 ans, elle épouse l’un de ses professeurs, le jeune mathématicien Elias von Löwen. Selon certaines sources, c’est lui qui l’oriente vers l’astronomie et la dissuade de s’adonner à l’astrologie. Figure féminine la plus marquante depuis l’Antiquité dans le domaine des sciences, M. Cunitz reçoit les surnoms de Pallas silésienne et
Seconde Hypatie*. Copernicienne, elle est l’une des premières personnes à comprendre la richesse des travaux de Johannes Kepler sur le mouvement des planètes. Le seul ouvrage qui subsiste d’elle, intitulé
Urania propitia (Uranie était la Muse de l’astronomie et de l’astrologie), est un livre de 144 pages qui comprend 286 tables, publié en 1650 ; il inclut des éphémérides qu’elle a elle-même recalculées à partir des
Tables rudolphines de J. Kepler, ainsi que les premières éphémérides pour les phases de Vénus. M. Cunitz rédige l’ouvrage en deux langues (latin et allemand) afin de le rendre accessible à un plus grand nombre de lecteurs. Elle contribue ainsi à établir les bases de l’allemand scientifique et à propager la connaissance sur le mouvement des planètes. Malheureusement, l’essentiel de sa correspondance a été détruite lors d’un incendie en 1656, et l’on sait peu de choses de la vie, la carrière et la pensée de cette femme exceptionnelle.
Grazyna STASINSKA