Connue sous le nom d’Esther Hermitte, elle prépare une licence d’histoire à l’université de Buenos Aires dans les années 1940, puis suit des cours d’anthropologie sociale aux États-Unis, à une époque où la discipline est inconnue en Argentine. Sa première recherche porte sur les conditions de vie des Boliviens et des Puneños dans une aciérie. En 1958, elle part pour l’université de Chicago avec une bourse du Conseil national de la recherche scientifique et technique (Conicet). Là, elle participe au projet Man in Nature et, après deux ans passés au Mexique, écrit Social Mobility in a Chiapas Bicultural Town (1962) et Supernatural Power and Social Control (1964). Elle rentre en Argentine en 1965, mais renonce à son poste d’enseignement en sciences anthropologiques pour protester contre la violente intervention de la dictature à l’université. Elle est alors sollicitée par l’institut Torcuato Di Tella, où elle dirige le département d’anthropologie sociale. Même si, en 1973, cette discipline est tenue pour un « instrument de l’impérialisme », elle obtient du Conseil latino-américain de sciences sociales (Clacso) d’organiser un groupe de discussion d’où sortira le texte Procesos de articulación social (1977), première production d’un champ disciplinaire pionnier, interdit par les anthropologues de l’université publique du Processus de réorganisation sociale (1976-1983). Pendant cette période, H. Hermitte se réfugie à l’Institut du développement économique et social (Iedes). Avec l’ouverture démocratique, elle rentre à l’université de Buenos Aires et à la commission d’anthropologie du Conicet. En 1990, elle décède subitement dans son appartement à Buenos Aires. Elle lègue un fonds de bourses d’anthropologie sociale à de jeunes chercheurs. En 2005, l’Ides crée en son honneur la conférence Esther-Hermitte.
Rosana GUBER