Maria Iordanidou passe son enfance entre Le Pirée et Constantinople, où elle est élève au collège américain. Partie en vacances chez des parents en Russie en 1914, elle est prise dans la Première Guerre mondiale et la révolution russe, et est contrainte de rester jusqu’en 1919 dans le Caucase, où elle est scolarisée à l’école russe et doit gagner sa vie en donnant des cours particuliers d’anglais. De retour à Constantinople, elle y travaille dans une entreprise américaine de commerce, avant de partir en 1920 à Alexandrie où elle prend part à la vie culturelle de la communauté grecque et aux activités du parti communiste d’Égypte. En 1923, elle se marie et s’installe à Athènes. Elle y travaille à l’ambassade d’URSS de 1926 à 1939. Elle est déportée dans les débuts de la guerre, puis donne des cours particuliers de langues étrangères sous l’Occupation et pendant la guerre civile. Elle fait des traductions pour la revue du parti communiste
Morfosi (« éducation ») à partir de 1947. À la recherche des traces de la Constantinople cosmopolite de son enfance au moment où s’éteint la communauté grecque d’Istanbul, elle écrit, à l’âge de 66 ans, son premier livre, le roman
Loxandra (1963). Avec les personnages de Loxandra, inspirée par sa propre grand-mère, et d’Anna, son double, elle fait revivre dans un récit vigoureusement mené le quotidien des Grecs de Constantinople de la fin du
XIXe et du début du
XXe siècle, notamment à travers leur parler coloré et leurs pratiques culinaires. Le succès de
Loxandra l’incite à poursuivre sa quête autobiographique avec les romans
Vacances dans le Caucase (1965), où l’on retrouve le personnage d’Anna adolescente dans le Caucase de 1914 à 1919 ;
San ta trela poulia (« comme les oiseaux fous », 1978), sur la vie d’Anna de 1919 à la Seconde Guerre mondiale ;
Stou kyklou ta yirismata (« dans la roue du destin », 1979), où la romancière mène pour la première fois son récit à la première personne pour narrer la période comprise entre l’occupation et le début des années 1960 ; et
I avli mas (« notre cour », 1981), où le récit linéaire des précédents textes laisse place à une narration discontinue qui procède par association d’idées pour évoquer le quotidien de l’écrivaine dans un immeuble d’Athènes au début des années 1980.
Stéphane SAWAS